Les Bibliothèques, le Livre, l’Écrit et les Technologies de l’Information et de la Communication
en République Démocratique du Congo (RDC) : défis et perspectives

18e Colloque international de bibliologie de l'Association internationale de Bibliologie (AIB)
1er Colloque congolais de bibliologie du Comité congolais de l’Association Internationale de Bibliologie

Kinshasa (27 novembre – 3 décembre 2004)
Délégation Wallonie Bruxelles, Avenue de l’Équateur, 21. Commune de la Gombé

Résumés des communications

ProgrammeListe des intervenantsAccès au texte intégral



Lundi 29 novembre – Séance d'ouverture

Robert ESTIVALS – La Bibliologie : historique et situation théorique actuelle

Le but de cette communication est d’établir un bilan de la situation actuelle de la bibliologie devenue, progressivement, à partir des années 1970-1980, la science de l’écrit et de la communication écrite, l’une des sciences de l’information et de la communication. Jusqu’à 1968-1970, la bibliologie faisait l’objet d’enseignement et de recherche à l’École des Chartres, à l’École nationale supérieure des bibliothécaires, à la 6e section de l’École pratique des Hautes Études (devenue EHESS) en France. Dans tous les cas et avec des variations, la bibliologie, c’était et cela reste l’Histoire du livre. L’ouverture en France de l’enseignement et de la recherche en sciences de l’information et de la communication, à Bordeaux d’abord, devait aboutir à la création d’un nouveau système d’interrogations et de réponses : la bibliologie devint la science de l’écrit et de la communication écrite ; il fallut situer la bibliologie parmi les sciences de l’information et de la communication : linguistique, sémiologie, iconologie, documentologie ; il devint nécessaire d’inventorier les sciences bibliologiques spécialisées, d’élaborer une classification puis un thesaurus de la bibliologie ; pour expliquer les faits de l’écrit, il fallut changer de méthode ; utiliser la systémique et la bibliométrie ; inventorier les modèles bibliologiques, créer la bibliologie politique, proposer une méthode à la bibliologie appliquée ; créer, enfin, l’Association Internationale de Bibliologie.


Étienne NGANGURA Kasole – L'Enseignement et la recherche en bibliologie en RDC
Cette contribution se propose de donner l’historique de l’enseignement et de la recherche en bibliologie au niveau de l’enseignement supérieur et universitaire en République Démocratique du Congo. Il est vrai que l’enseignement et la recherche concernant le livre, la lecture, l’édition et l’écrit en général existent depuis la création de l’enseignement supérieur et universitaire au Congo en 1954. Les enseignements sont dispensés dans diverses disciplines académiques différentes facultés  et différents Instituts (Lettres langues et Littératures, linguistique sémiologie, psychologie, pédagogie, sociologie, sciences et techniques de l’information, sciences de l’information et de la communication, bibliothéconomie, sciences sociales, etc….). Cependant, l’organisation des filières académiques en arts métiers et sciences du livre, la formation des cadres de niveau universitaire, la formation spécifique et les diplômes  en bibliologie sont fort récentes, la bibliothéconomie exceptée. Comment, quand et où les nécessités d’un nouveau type de formation ont elles été exprimées, abordées et plus ou moins satisfaites ? Quelles sont les motivations sous-jacentes, les principes et les projets ? Quel est enfin l’état des lieux, le type de productions et les perspectives. Après avoir rappelé les grandes orientations, historiques et théoriques de l’enseignement (formation) et de la recherche en biologie, l’exposé aborde les origines, les motivations et la réalité de ces pratiques (enseignement et recherche) au Congo ;  ensuite l’organisation des  structures et des filières de formation, les diplômes et autres sanctions académiques et, enfin, le niveau et la qualification de la production scientifique dans les institutions existantes. En conclusion, l’exposé projette quelques perspectives d’avenir sur base de cet état des lieux, des résultats, des ambitions exprimées ou ressenties et de l’évolution de la bibliologie en tant que telle.


Mardi 30 novembre
9 à 12H – Recherches sur l’écrit
Président de séance : Eddie TAMBWE

Séraphin BASHAGALUKE Cherubala – La Pensée Africaine à travers les publications philosophiques des Facultés catholiques de Kinshasa (1997-2000) : étude de bibliologie



François BUDIM'BANI Yambu – Éthique de l’oral et incidences sur la pratique de la scribalité au Congo
S’il est hors de doute aujourd’hui que la société congolaise est résolument engagée dans le processus de sa scribalisation, il est des dimensions éthiques qui dans les pratiques scribales congolaises, relèvent encore de l’oralité « traditionnelle » et qui rendent l’écrit moins apte à transmettre informations et connaissances en milieux culturels congolais. L’auteur se propose, dans cet essai, de relever les principales séquelles de l’oralité dans les pratiques d’écriture au Congo et d’esquisser une théorie éthique de la scribalité, entendue comme mode de penser et d’agir privilégiant l’écrit dans les relations sociales en contexte socio-historique donné.


Baisle OSOKONDA Okenge – Les Interrogations  de  la culture de l’écrit : contribution à l’anthropo-bibliologie congolaise

Professeur BOBUTAKA Bateko – Les Bibliologues formateurs congolais : approche bibliométrique de l'état des lieux du profil du corps enseignant
Notre communication portera sur la présentation d’étude bibliométrique orientée sur  les  ressources humaines congolaises affectées auprès de la dimension formative de la Bibliologie en République Démocratique du Congo. Nos précédentes réflexions avaient abordé, notamment les aspects épistémologiques voire scientifiques de la bibliologie et ce, selon l’orientation que nous nous sommes dicté. Nous avons estimé nécessaire d’étudier cette fois-ci les personnes ressources de la bibliologie congolaise. Cette  inspiration  nous est venue du schème énoncé par l’Association Internationale de  Bibliologie (AIB) qui stipule que « l'AIB comprend outre des adhérents  à  titre  individuel, des Comités nationaux de bibliologie : Algérie, Bulgarie, Canada (Québec), Espagne, France, Hongrie, Zaïre, etc.» (http://ssb.artemis.jussieu.fr/ssb/re/bibliolo/aib/aib.htm, 21/07/2003. Il  s’avère  que notre pays est listé parmi les environnements planétaires où la bibliologie a aussi ses partisans voire adeptes. L’extension  du  champ  géographique de la Bibliologie en RDC est une des conséquences de la mondialisation et d’après AIB, c’est « la tendance actuelle de  la société humaine vers la globalisation, il s'est avéré nécessaire à partir des années 1981-1984 de créer un regroupement des bibliologues des divers pays ». De nos jours, il n’est plus utile de démontrer le caractère scientifique de  la  bibliologie : la  science créée au début du XIXe siècle en France par Gabriel Peignot et renouvelée par le belge Paul Otlet. De par ces citations, l’on peut observer que la Francophonie est l’instigatrice de la Bibliologie qui était d’abord définie comme une science du livre et ensuite devenue la science de l'écrit et de la communication écrite.


Vincent MALEKA Mavinga – Enseignement et recherche en bibliologie au département des sciences et techniques documentaires à l'ISS-Kinshasa
Si l’honneur échoit à l’ingéniosité de MASSENS Mukis qui a jeté les bases du Département des sciences et Techniques Documentaires de l’ISS/Kinshasa en 1977/78, il revient cependant à votre modeste serviteur Vincent MAVINGA le mérite de compléter et rénover le programme de cours laissé en friche en y introduisant notamment les cours de Bibliologie et Bibliométrie. Axée sur trois volets, cette étude se propose de fournir quelques réflecteurs sur lesquels se fondent en général l’enseignement des sciences et Techniques Documentaires et celui  de Bibliologie en particulier au sein du Département des STD/ISS Kinshasa. L’on atteindrait objectivement la dimension nationale en RDC, si les 4 autres établissements d’enseignement supérieur et universitaire cités dans le texte se pliaient à ce même exercice. Mon  propos s’articule sur trois volets à savoir :
1. un aperçu historique sur l’enseignement des sciences et Techniques Documentaires
2. la place et le contenu de la Bibliologie dans le programme de cours en STD
3. enfin la recherche en Bibliologie au sein du Département des sciences et Techniques Documentaires
1. Apercu historique sur l’enseignement des STD
Première structure à organiser de manière systématique, l’enseignement des sciences et Techniques Documentaires en RDC depuis l’année académique 1977/78 d’abord avec le  premier cycle(Graduat) ensuite l’ouverture du Cycle de licence en 1991/92, le Département des sciences et Techniques Documentaires fonctionne au sein de l’Institut Supérieur de Statistique de Kinshasa(ISS) créé en 1965 mais devenu en2002/2003 un établissement d’enseignement  supérieur du secteur public. Pour rappel, hormis le Département des STD/ISS, comptent aussi parmi les institutions académiques dispensant l’enseignement des sciences et Techniques Documentaires :
a. L’Institut Facultatif des sciences de l’information et de la communication Université de Kinshasa
b. L’Université Protestante au Congo(jusqu’en 1996)
c. Les Facultés catholiques de Kinshasa.
Chacune des institutions précitées compte tenu du niveau du personnel à former, voire des objectifs spécifiques, oriente ses enseignements sur un environnement de recherche ou une praxis donnés. C’est assez dire qu’un programme de formation dépend notamment des conditions locales, des besoins en personnel et des fonctions qui doivent être assurées dans  les divers systèmes et services d’information. A ce sujet précis, le Département dispose de 2 travaux de fin de cycle (Graduat) sur la formation des diplômés en STD et l’emploi, de la première promotion en 1980 à 1993.
2. la place et le contenu de la Bibliologie dans le programme de cours en STD
Le programme de cours initié depuis 1977/78 se fondait sur les activités d’information comprenant jusqu’en 1982, un seul domaine appelé « Science de la Bibliothéconomie et Documentation »Les matières d’enseignement portaient essentiellement sur la bibliothéconomie, le catalogage ou la description bibliographique, la bibliographie générale, la bibliographie spécialisée, l’histoire du livre, l’histoire des bibliothèques, l’analyse documentaire auxquels s’ajoutaient les cours de langue et ceux de culture générale inscrits aux Facultés de  lettres et de Psycho-péda ainsi que les cours de Statistique et Méthodes de recherche. En 1983, avec l’introduction du cours d’informatique au sein du Département  des STD, un deuxième domaine des activités d’information venait s’y inscrire pour renforcer la bibliothéconomie traditionnelle qui, désormais devait cheminer avec l’informatique en vue d’une administration rationnelle des bibliothèques. On en vint ainsi à ce deuxième domaine  appelé « Science de l’Informatique et des télécommunications » pour jouer un rôle prépondérant dans la gestion des systèmes d’information eu égard à la croissance des techniques d’information. En réalité, ce deuxième domaine ne sera essentiellement exploité qu’ au Département de l’Informatique/ISS. En effet, les cours et séminaires sur l’Informatique documentaire n’entreront en vigueur qu’avec les logiciels de gestion et de traitement (acces,cds/isis,etc.) au sein du Département STD. Cette ère inaugure le troisième domaine des activités de l’information connu sous l’appellation « DOMAINE DES SCIENCES DE LA GESTION ET DES SYSTEMES » et comme valeur illustrative dans ce domaine intervient la recherche automatique de l’information et dépouillement des éléments d’un corpus dans les approches métriques en Bibliométrie ou Bibliologie quantitative.
En 1985, parmi les innovations concernant la révision du programme d’enseignement en STD, figuraient les cours ci-après Théorie de l’information et de la communication, Bibliologie, Bibliométrie et Archivistique qui devraient désormais constituer des matières importantes à la rescousse de la bibliothéconomie et de la documentation. En effet, au beau milieu des années 90, s'ajoutaient : Informatique documentaire, Sociologie de l’information, Psychologie de la lecture, Marketing documentaire, Questions approfondies de bibliologie et Bibliométrie, Édition, Presse et Imprimerie, Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Droits d’Auteurs et Droits voisins, Réseaux documentaires et Banque de données.
Le contenu du cours de bibliologie comprenait essentiellement la proto-écriture et un survol de principales civilisations à haute tradition scriptuaire ; naissance et évolution de l’écriture en RDC, évolution et place de la bibliologie parmi les Sciences de l’Information et de la communication, Théorie et Méthodes en Bibliologie, Classification et Schémas, vocabulaire et lexique de bibliologie, Questions et études de cas en bibliologie et en bibliométrie.
3. Recherche en bibliologie au Département des SID
Au Département des Sciences et Techniques Documentaires de l’ISS/Kinshasa, la Bibliologie s’inscrit dans les sciences de l’Information et de la communication, et ce, tant par les aspects théoriques de l’information qu’aux tâches spécifiques du traitement des informations.  En effet, le documentaliste ou l’analyste a, pour l’essentiel, les fonctions de chercheur d’identifier, d’analyser, d’évaluer les informations demandées par des utilisateurs.  Il y a donc un double aspect : qualitatif et quantitatif à cerner et qui obéirait à une psychologie d’acquisition et de communication des informations au regard du comportement et des besoins de l’utilisateur.  D’où nous souscrivons à l’avis de Pauline Atherton qui considérait déjà vers les années 70 que la Science de l’information est u  sujet complexe, multidisciplinaire, allant de l’informatique et des télécommunications à la psychologie, à la logique et aux techniques de classification et d’indexation en passant par la cybernétique.
Il nous parait donc indiqué de définir la Bibliologie par rapport aux cours figurant au programme du Département des STD/ISS Kinshasa et suivant la conception de la science de l’information telle que perçue par P. Atherton qui renchérit aussi que la Bibliothéconomie et l’Informatique ont été vues comme deux domaines se rapportant aux activités de l’Information et qui se recoupaient largement.  Cette zone de recoupement a été définir comme le centre de la science de l’Information.
Tout bien considéré, le Département des  STD/ISS Kinshasa perçoit la Bibliologie comme « Science de l’Écrit et de la communication écrite dans son circuit socio-économique ». Une telle conception met en vedette les problèmes liés à la production, à la distribution ou à la circulation et la consommation de l’Écrit.  Il y a donc le contenu de l’écrit sur l’individu soit par communication non imprimée, soit par communication informatisée. Il sied que l’écrit porteur d’un contenu sémantique parvienne à l’individu qui va chercher à récupérer pour en saisir le sens et agit. Donc l’écrit fait partie de la sémiologie, l’une des composantes de l’informatologie.  De plus, pour atteindre la finalité de l’écrit entre l’émetteur et le récepteur, les conditions sine que non de la communicologie doivent répondre aux conditions socio-techniques du milieu et au contenu sémantique univoque entre E et R et enfin foi  à la communicologie fonctionne. Cette dernière tient  notamment compte des caractères des écrits et du style utilisé (grammatologie pour des destinataires ciblés. Comme on le voit, la Bibliologie est au carrefour des sciences de l’information et de la communication de par son objet et ses problèmes sur l’Ecrit/communication et surtout l’Écrit imprimé commandés par les axes bibliopolie, biblio socio métrie, bibliomatique et éditologie, lecturologie, bibliométrie, etc…  Après l’exposé concernant notre conception la bibliologie, l’orientation de recherche au département des STD peut être dégagée au regard des mémoires et travaux de fin de cycle présentés et défendus depuis 1993 à nos jours. Il s’y dégagent trois axes avec une approche métrique.
  • Des travaux sur des répertoires analytiques portant sur des indices statistiques bibliographiques. C’est l’approche « bibliotechme ».
  • Des études sur la gestion rationnelle des ressources humaines, documentaires, matérielles et financières au sein des unités d’informations documentaires  tant sur le plan qualitatif que quantitatif. C’est la « biblioéconomie »
  • Des études sur la lecture, les besoins en information scientifique et technique, les productions éditoriales, le discours socio politique, etc..  C’est la « biblionomie ». A l’occasion, nous pouvons dresser un répertoire de ces travaux. Il sied de constater en guise de conclusion sur le canevas présenté que plusieurs voies sont possibles d’autant plus qu’il ne s’agit ici que des travaux des étudiants.


  •  Mardi 30 novembre
    14 à 17H – L’Écrit dans l’histoire nationale
    Président de séance : Marc NGWANZA Kasong

    Christophe CASSIAU-HAURIE – Que lisaient nos ancêtres les colons...

    Les bibliothèques du Congo belge étaient, comme le reste de la société, divisées en plusieurs classes : bibliothèques pour colons, bibliothèques pour évolués et bibliothèques pour indigènes. L’étude du fonds documentaire de ces bibliothèques reste encore à faire, 45 ans après l’indépendance, en particulier celles dite « coloniales » réservées à la population européenne de l’époque et dont la quasi-unanimité n’a pas résisté aux remous qu’a connu le pays durant les 40 ans qui ont suivi. Pourtant, miraculeusement, le fonds documentaire de la bibliothèque publique de Léopoldville a pu être retrouvé il y a quelques années à l’occasion de la recréation d’une bibliothèque urbaine dans la capitale. C’est l’occasion de se pencher sur la composition de ces 3735 ouvrages retrouvés qui constituent une bonne partie des 5 000 ouvrages qui constituaient le patrimoine de l’époque de cette bibliothèque (selon un rapport de l’UNESCO de 1964). Un constat s’impose immédiatement, ce fonds ne se distingue en rien des bibliothèques publiques de la même époque en Europe, une même photographie aurait pu être faite des bibliothèques de prêt de Annemasse, Bordeaux, Liège ou Lausanne. Le taux d’emprunt des ouvrages ne révèle, non plus, rien de particulier, les écrivains les plus empruntés étant d’abord et avant tout, des écrivains classiques : Victor HUGO, CELINE, SIMENON ainsi que des genres littéraires qui ont toujours été populaire dans les emprunts en bibliothèque : romans policiers et historiques en particulier. Cette ressemblance avec les habitudes européennes démontre également un certain fossé avec le milieu environnant souvent culturellement éloigné des ouvrages présents dans cette bibliothèque. Enfin, les dates d’édition des ouvrages recueillis (la bibliothèque date de 1959-1960) laissent à penser que le renouvellement des ouvrages était loin d’être assuré régulièrement. Beaucoup d’ouvrages sont vieux de plus de 20 ans, et peu ont été édité dans les années 50. On verra que ces bibliothèques souffraient déjà depuis plusieurs années de problèmes budgétaires importants qui constituaient un frein à leur développement.


    Professeur KIBANDA Matungila – La Communication écrite dans la société traditionnelle kongo : état de la question et perspectives de recherche
    Notre communication au Colloque sur le thème « Livre, bibliothèque, écrit et nouvelles technologies de l’information » se propose de faire le point de la recherche sur la communication écrite chez les groupes Kongo « Bavoyo, Bakakongo et Bavili » de la côte atlantique (République Démocratique du Congo, Angola, Congo). Il s’agit notamment :
    de rappeler le début de cette recherche avec les questions soulevées par la découverte par des missionnaires et de archéologues européens (G. Mortelmans, H. Van Moorsel) des inscriptions rupestres du domaine Kongo (à Lovo, Mbafu, Mvangi, Biongo…) ainsi que des pratiques de notation graphique sur le corps, les objets usuels et sur les objets rituels… mises à jour par L. Bittremieux, M ; Vaz, J. Martins.
    D’évoquer la question des interrelations entre ces inscriptions rupestres, ces pratiques de notation graphique et les mythogrammes relatifs à la cosmogonie Kongo étudiés par Fukiau et Thomson.
    Dans un deuxième temps, nous allons présenter l’ethnographie de la communication écrite dans la société traditionnelle Woyo que nous avons établie à partir des travaux de L. Bittremieux, M. Vaz, J. Martins, J. Cornet, Mulinda, H.B., Faïk-Nzuzi M. et Balu B. et de nos propres enquêtes de terrains.
    Concrètement, les aspects suivants seront examinés dans ce point :
    1 – Les cadres sociaux de l’écrit :
     les institutions sociales détentrices de la tradition écrite ;
     les principaux groupes sociaux émetteurs des messages écrits ;
     les contextes sociaux de production des messages écrits ;
     les principaux destinataires des messages écrits.
    2 – La communication va accorder un intérêt particulier aux principales techniques graphiques et aux principes de notation de l’écriture Woyo, ainsi qu’au code culturel sous-jacent qui sont de soubassement à cette symbolique graphique.
    C’est en relation avec ce point que seront exposés les résultats d’une recherche en cour sur les interrelations entre la symbolique graphique, l’esthétique orale et la création plastique chez les groupes Kongo étudiés.
    Le nouvel éclairage théorique que la recherche sur le système graphique Kongo projette sur le concept même de « culture orale » et sur le débat de l’Anthropologie classique au sujet des conditions intellectuelles d’élaboration de l’alphabet, du développement du métalangage et donc de l’émergence de la tradition scientifique dans les sociétés antiques (M. Cohen, J. Goody) va clore cette intervention.


    Jean-Pierre MANUANA – Les Publications périodiques sur le Congo-Kinshasa à l'époque coloniale belge (1876-1960) : état de lieu, étude bibliométrique et interprétation bibliologique
    Dans le présent exposé, je me propose de faire l'état de lieu des publications périodiques sur le Congo-Kinshasa à l'époque coloniale belge à partir des bibliographies produites par Hilda KESSELS et Joë HACHE d'une part et par Jean BERLAGE d'autre part. Cette étude aura pour objectif d'abord de faire un recensement plus au moins exhaustif de toute la production des publications périodiques sur le Congo-Kinshasa à l'époque coloniale belge, ensuite d'identifier les publications les plus anciennes ainsi que leurs contextes de naissance et lieux d'édition et enfin de connaître les sujets qui y sont abordés. Cette analyse sera suivie d'une interprétation bibliologique. Mais le but final d'une telle étude est d'établir plus tard des index thématiques et autres pour une meilleure connaissance de l'état de la science à l'époque coloniale belge. Cela pourrait être une modeste contribution à la science africaniste francophone.


    Professeur MBELOLO Ya Mpiko – L’Écrit et son impact dans la communication interculturelle au Royaume Kongo au 17e siècle : cas du catéchisme kikongo de 1642
    Avant d’entrer en contact avec l’Europe au 15e siècle, le Royaume Kongo avait développé une communication sans écriture qui a fait preuve de son efficacité, comme ce fut le cas dans d’autres civilisations. L’arrivée des Portugais permit d’introduire chez les Bakongo le système d’écriture qui fonde la communication écrite. Les monarques de Mbanza Kongo adoptèrent l’écrit comme médium dans leur communication avec le Portugal, mais aussi avec le Vatican. Depuis lors, les communications orale et écrite se développèrent sans désemparer chez les Bakongo. Ceux-ci comptent six siècles de communication écrite. L’étude de celle-ci constitue donc une contribution non négligeable à la bibliologie internationale. En effet, l’écrit peut être défini comme « un médium supposant un support plus ou moins durable et des signes d’écriture fixant la pensée et la langue d’un émetteur, écrivain ou rédacteur, par le geste et le moyen d’inscription. Il est généralement adressé à un récepteur ou lecteur. Il peut être reproduit en un certain nombre d’exemplaires grâce à l’intervention d’un système d’édition, de diverses technologies et de la distribution. Il est donc le produit d’un système de communication. L’écrit c’est la communication. Enfin, l’écrit est pour toutes ces raisons u fait sociologique et politique » . « Sociologique et politique », l’écrit le fut incontestablement au Royaume Kongo par son introduction au 15e siècle, grâce principalement à l’action des missionnaires que le Roi du Portugal y avait envoyés. Les jésuites, puisqu’il s’agit d’eux, se mirent à apprendre la langue locale, le Kikongo, qu’ils devaient utiliser pour l’évangélisation. Ils sentirent assez tôt le besoin de traduire dans cette langue quelques documents, notamment des livres d’édification religieuse écrit en portugais, de portée générale pour la formation et l’encadrement de leurs néophytes Bakongo. Ils s’engagèrent ainsi dans une véritable gymnastique intellectuelle : penser dans une langue et reproduire cette pensée dans une autre langue, en passant d’une culture européenne christianisée (la portugaise) à une culture africaine à christianiser (celle des Bakongo) n’ayant pas encore, en ce moment-là, un système d’écriture propre. L’écrit devait répandre parmi les populations du Royaume Kongo la vision du monde des missionnaires. Il devint le médium du dialogue, de la communication entre les deux cultures évoquées plus haut. Dès le 15e siècle, l’écrit prit rapidement forme : une correspondance, attestée par plusieurs preuves apportées par de nombreux chercheurs, existe entre les rois du Kongo, d’une part, et ceux du Portugal et, d’autre part, ainsi que le Souverain Pontife au vatican. Ces lettres, y compris celles d’accréditation des ambassadeurs échangés, ne sont pas encore tombées dans le domaine public, comme nous l’avons affirmé ailleurs . En plus des lettres évoquées ci-dessus, des écrits d’une facture plus importantes furent produits au 16e et 17e siècles. Dans le domaine religieux, un catéchisme intitulé Cartilha de Doctrina christâ en lengoa do Congo fut édité en 1556, à Evora, au Portugal. Dans le domaine de la linguistique, la plus ancienne grammaire en kikongo, par voie de conséquence en langue bantu, fut écrite en 1559. L’analyse de ces deux écrits, ouvrages imprimés, n’est pas possible, car ces derniers ne sont pas disponibles, pour des raisons qui seront précisées plus tard. C‘est le 17e siècle qui nous fournit le matériau qui servira à notre réflexion. Il s’agit du catéchisme Kikongo de 1624, traduit du portugais en kikongo par un père jésuite, Mattheus Cardoso. Cette traduction ainsi que sa lecture (par les Bakongo) nous introduit dans le domaine de la communication interculture. Notre étude vise l’examen de l’impact de l’écrit dans ce dialogue des cultures portugaise et kongolaise.


    Mercredi 1er décembre
    9-12H – Sociologie de l’écrit (production, édition, distribution)
    Président de séance : Jean-Pierre MANUANA

    Denis MUNDALA Lokolonga – Les Éditions universitaires africaines et leur apport dans la diffusion de l’information scientifique et technique en République Démocratique du Congo (1989-2003) : approche bibliologique

    Faute d’une politique nationale du livre en RDC, c’est l’initiative privée qui s’efforce de combler le vide dans le domaine. Les Editions universitaires africaines (EUA) sont parmi les institutions privées qui ont pris en charge la production et la diffusion du livre parmi la dizaine d’éditeurs qui répondent au critère de la durée et à celui de la régularité au pays. Treize ans durant elles ont à leur actif 45 titres et 45 000 exemplaires publiés soit une moyenne de trois titres et 3.000 exemplaires par an. Quels livres, de quels auteurs ont été édités par cette maison ? Sur base de quels critères a-t-on sélectionné l’information diffusée par ces écrits ? Les livres scientifique et culturel publiés ont pour auteurs des universitaires : docteurs, diplômés post-universitaires, licenciés, et un gradué. 75 % d’entre eux sont professeurs d’université. Les juristes viennent en deuxième position, suivis des linguistes et économistes. La féminité est peu représentée, soit 2 ouvrages sur les 45 recensés. La sélection de ces publications est fonction directe de la contribution de l’information  en tant que bien précieux, au bien-être de la nation congolaise. S’agissant du contenu de l’information diffusée, les ouvrages traités ont été classés en 7 grandes catégories : écrits dont l’auteur décrit un problème social avec propositions des pistes de solution ; écrits en rapport avec le savoir stabilisé ; écrits où l’auteur se remet à un idéal, à un désarroi, où il préfère faire vivre le lecteur ; écrits consacrés à une personnalité ayant significativement marqué l’histoire dont il faut immortaliser et servir du modèle à la génération future ; écrits où l’auteur tente de présenter une formulation théorique à partir  du savoir stabilisé et des faits sociaux ; écrits se rapportant à une bibliographie rétrospective et enfin écrits en rapport avec les lexiques et la terminologie. Quatre attitudes des préfaciers ont été relevées : attitude de contribution scientifique ; attitude de simple présentation de l’auteur et de son oeuvre ainsi d’invitation de ce dernier à l’acquisition de celle-ci ; attitude n’appuyant pas forcément le point de vue de  l’auteur et enfin attitude où le préfacier tente d’offrir au lecteur le condensé de la pensée de l’écrivain. En recourant à l’intercession de la théorie de l’information, de la logique mathématique et des statistiques appliquées aux services d’information documentaire, les mesures suivantes ont été relevées  et susceptibles  des prévisions utiles  pour la maison :
    1. Observation de la série unimodale au niveau de la classe 300 (sciences sociales) ; une moyenne arithmétique de 4 ouvrages par domaine du savoir et 3 ouvrages publiés annuellement. Une forte dispersion dans la publication des ouvrages suivant les classes : extrêmes inférieures : 000 ; 100 ; 500,  extrêmes supérieures : 300 ; 400 ; et 800 ;
    2. L’analyse de la série chronologique a abouti à une droite de régression : y =0,07t + 2,031
    A la lumière de notre analyse bibliologique, il ressort que les Editions universitaires africaines contribuent à la diffusion de l'information scientifique et technique au pays. A une moyenne annuelle estimée à environ 100 titres en RDC, sa contribution est donc de 3 %.


    Bernard PONGO – La Librairie en République démocratique du Congo Les problèmes de diffusion du livre
    Depuis trois décennies, l’économie congolaise connaît une crise sans précédente qui frappe tous les secteurs d’activités. Elle est essentiellement caractérisée par :
    - une rupture généralisée des équilibres macroéconomiques fondamentaux ;
    - un déséquilibre chronique de la balance des paiements ;
    - un endettement extérieur estimé à 16 milliards de dollars américains ;
    - une inflation galopante entraînant ainsi la détérioration du pouvoir d’achat des populations ;
    - la vétusté et la destruction systématique de l’outil de production avec comme conséquence la baisse généralisée de la production et, par le fait même, la chute des exportations, l’accroissement sensible des importations, l’augmentation du chômage ;
    - l’absence des voies de communication faisant obstacle à l’acheminement des produits de première nécessité des lieux de production vers les centres de consommation ;
    - l’irrationalité dans le comportement des dirigeants ;
    - etc.
    A ceux-ci s’ajoutent les méfaits des évènements malheureux de pillage enregistrés sur l’ensemble du pays en fin 1991 et début 1993 qui ont porté un coup fatal à une économie déjà moribonde. Au plan politique, il y a lieu de relever les vicissitudes liées au passage d’un régime monolithique vers un état démocratique. Il s’en suit une transition politique aux limites très extensibles (quatorze ans à ce jour) qui empêche au pays de se doter des institutions stables et crédibles susceptibles de poser solidement les jalons en vue d’amorcer un redémarrage économique. Si d’une part la reprise de la coopération bilatérale, le retour des institutions de Breton Woods ainsi que la déclaration d’intention de celles-ci d’annuler les quatre-vingt-dix pour cent de la dette extérieure de la R D Congo semblent susciter un réel espoir pour l’avenir économique de ce pays, d’autre part, il n’en demeure pas moins vrai que le plus important reste à faire sur le plan interne afin que le décollage tant attendu soit effectif. Il convient de noter qu’actuellement le grand Congo figure sur la liste des pays pauvres très endettés (PPTE). C’est dans ce contexte de marasme économique qu’évolue la librairie.
    1. Le secteur de la  librairie
    Ainsi que nous l’avons souligné plus haut, la crise économique congolaise est multisectorielle. Le livre ne reste pas en marge. Il enregistre une baisse d’activités continue au fil des années qui conduit les opérateurs de ce secteur à se limiter à ce qu’ils considèrent comme essentiel. La même tendance est observée au niveau de la librairie qui voit l’ampleur de ses activités s’amenuiser pour des raisons déjà évoquées. Pourtant trente ans auparavant, on pouvait remarquer dans les centres urbains des entités très performantes tenues essentiellement par des missionnaires catholiques et protestants, des particuliers nationaux et expatriés. Il existait un réseau de petites aubettes parsemées à travers les communes qui offraient tant du livre scolaire, du livre de loisir que du livre de culture générale... En considérant la parité monétaire de l’époque qui était de deux dollars américains pour une unité de monnaie locale, il y a lieu de se rendre compte que le livre était à la portée d’un plus large public. L’activité du libraire était sans conteste rentable. Peu à peu, le resserrement des conditions économiques a engendré une dégringolade progressive et spectaculaire des activités. Nombreuses sont les librairies qui ont déposé la clé sous le paillasson. Celles qui ont refusé de mourir (les grandes structures) ont opté pour la spécialisation soit dans le scolaire, soit dans le spirituel et accessoirement dans la culture générale et la détente. Parallèlement, il convient de signaler la naissance et le développement des librairies par terre (bouquinistes) spécialisées surtout dans la vente d’ouvrages de seconde main. De nos jours, ces marchands de livres d’occasion tendent à s’affirmer comme acteurs non négligeables dans la distribution du livre. Ils sont caractérisés par une force de persuasion remarquable, mais il leur manque l’organisation, la formation et l’éthique professionnelle.
    2. L’état actuel de la librairie en République démocratique du Congo
    La situation actuelle de la librairie en République démocratique du Congo n’est guère brillante. Cette entité est en proie à des difficultés consécutives au cadre macroéconomique global malsain. Parmi ces obstacles, nous retiendrons celles qui suivent :
    1°) La compression continue du pouvoir d’achat des consommateurs : ce facteur a conduit ces derniers à revoir la hiérarchisation des besoins en reléguant le livre à un plan absolument secondaire. Seule l’alimentation est privilégiée. Les libraires ressentent durement le coup de cette révision de l’ordre des priorités ;
    2°)  La multiplicité des taxes qui frappent les produits culturels : ce facteur a pour incidence la majoration du prix de revient du livre face à une population qui ne dispose pas d’un pouvoir d’achat réel. Cela ne fait qu’éloigner le consommateur du produit.
    3°)  D’une part, le coût élevé de transport qui se répercute sur le prix de revient du livre entraînant ainsi une majoration conséquente du prix de vente et, d’autre part, la quasi inexistence des voies de communication susceptibles d’assurer un acheminement aisé des produits de la librairies (la distribution se fait en général par avion). Il y a des provinces qui n’ont aucune librairie, hormis quelques librairies scolaires de fortune.
    4°)  Le manque d’intérêt manifeste affiché vis-à-vis de la lecture qui tend à être substituée pas la télévision et la musique ;
    5°)  La non application en RDC de différentes conventions internationales qui tendent à alléger les conditions de circulation des produits culturels (Convention de Florence et autres)
    6°)  A tout ceci, il faut ajouter l’absence au niveau national d’une politique culturelle cohérente qui définirait les grandes lignes et tracerait les pistes afin de promouvoir l’expansion des entreprises culturelles parmi lesquelles se trouve la librairie.
    En dépit de ces écueils, la librairie demeure une activité incontournable tant du point de vue
    culturel, éducatif, de l’information, de la formation…
    L’assainissement de l’environnement politique et économique constitue un préalable majeur à l’épanouissement de cette entité (détaxation, politique culturel cohérente…).
    La ville de Kinshasa avec ses dix millions d’habitants ne compte pas plus de quinze librairies dignes de cette appellation. La situation est encore plus catastrophique en province. Ce sont les éditeurs de livres qui sont à la base de la création des entités existantes par manque des canaux de distribution suffisamment développés. Chaque éditeur important dispose de sa propre librairie et tend à développer un réseau de distribution conséquent autour de ses propres produits. Parmi les librairies les plus importantes, l’on retiendra :
    1°) Afrique – Editions
    2°)  Librairies PAULINES
    3°)  Librairies MEDIASPAUL
    4°)  Librairie CEDI
    5°)  Librairie de la C.E.E.C.
    6°)  Librairie salutiste
    7°)  La détente
    8°)  Librairie du C.R.P.
    Il y a lieu de noter que Afrique-Editions envoie son personnel à l’étranger pour des formations pratiques en vue d’améliorer la gestion et la tenue de sa librairie. Les autres maisons utilisent en général un personnel formé sur le tas. Hormis « La Détente », chacune des librairies susmentionnées développent un réseau de distribution en créant des points de ventes à travers la ville et dans certaines parties du pays en dehors de la capitale. Certains établissements scolaires tiennent des petites librairies en leur sein. A côté de ceux-ci, il faut signaler l’existence des particuliers qui sont entrain de découvrir ce métier et qui créent des petites structures d’exploitation à cet effet. Il faut compter avec les bouquinistes qui ont compris l’intérêt du métier de libraire et qui peuvent s’organiser en vue de formaliser leur exploitation et, à la longue, devenir des professionnels. Le manque d’information et de formation constitue une entrave à la création et à l’expansion de la librairie. Par ailleurs, les grands éditeurs ne pratiquent pas de remises intéressantes pour permettre aux libraires de stimuler les ventes de leurs produits. Dans la plupart des cas, le métier de libraire est exercé par des gens qui n’ont aucune formation dans le domaine. Dans ces conditions, il est difficile de s’attendre à une gestion orthodoxe pour une expansion satisfaisante et durable des activités. En outre, on peut regretter que les libraires ne soient pas organisées en un corps professionnel au sein duquel les libraires défendraient leurs intérêts et bénéficieraient des avantages concernant leur métier (financement, formation, remises, détaxation…).


    Denis NZONKATU Batubediko – Le Métier de bouquiniste, une alternative à la crise documentaire au Congo : enquête auprès des bouquinistes de Kinshasa
    La crise multidimensionnelle que vit la RDC depuis plus d’une vingtaine d’années a eu des conséquences néfastes sur les institutions et autres structures documentaires. Alors que ces institutions ne recevaient plus de subsides de la part de l’Etat, on a assisté à la disparition de beaucoup d’entre elles par le fait des pillages de triste mémoire. Ainsi, comme pour pallier à cette insuffisance documentaire, on a assisté vers les années 90, période de relance des mouvements démocratiques, à l’émergence d’un métier d’existence ailleurs, mais peu connu ici, celui des bouquinistes. Au delà des problèmes d’éthique, déontologie ou simplement de moral qu’il pose, ce métier se veut une solution alternative à la crise documentaire en RDC. Cette enquête présente les principaux traits caractéristiques de ce métier. Le bouquiniste kinois est un homme dont l’âge varie entre 16 et 45 ans ; on ne le trouve curieusement que dans quelques communes de la capitale, il est d’un niveau de formation limité entre le primaire et le secondaire ; leur principale source d’approvisionnement est l’achat, leurs fonds documentaires moyennement varié et riche est constitué des livres littéraires, scientifiques, manuels scolaires, des bandes dessinée, etc. Le manuel scolaire reste cependant le livre le plus vendu. L’absence de soutien, le souci d’indépendance vis-à-vis de la famille, le besoin de s’assumer personnellement, le manque d’emploi dans le secteur officiel et privé, les responsabilités familiales sont autant de raisons qui ont conduit la plupart des bouquinistes à se livrer à la vente des livres dans des places publiques et rues de Kinshasa.


    Marc NGWANZA Kasong – La Promotion de la lecture comme le véritable soubassement de la nouvelle politique du livre
    Quelle est la place du livre dans la société congolaise face à l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que celle de la révolution de l’industrie culturelle ? Comment relancer la politique de lecture qui montre se limite en RDC ? En effet, l’UNESCO avait proclamé 1972, l’année internationale du livre avec comme devise ; « le livre pour tous ». Trente deux ans après, la situation du livre est pire qu’avant : tous les indicateurs vifs  . Le livre a déserté nos écoles  . Plusieurs raisons peuvent expliquer  cette réalité. Tshimanga Kabwe Dolay se penche vers l’absence d’une politique du livre en RD Congo et ses conséquences . Les études de l’UNESCO et l’Institut national de la statistique (INS) pointent du doigt  le néo-alphabétisme et la baisse sensible  et constante du pouvoir de l’achat qui minent le secteur du livre au Congo . Depuis l’école coloniale, des foyers de diffusion des livres ont émergé à travers le pays sous l’impulsion des missionnaires. La poussée démographique dans le secteur de l’enseignement offrait un circuit de circulation de l’imprimé car il reste avant lié à la formation. Mais rien de tel ne s’est produit. Que faire face à cette triste réalité ? Lire nécessite en effet, avoir une capacité de déchiffrer  des codes véhiculant  des messages. De ce fait, promouvoir le livre dans notre société, ne revient pas seulement, à mon sens, à un plan de sauvetage (équipement) des bibliothèques et d’autres structures de la chaîne éditoriale, mais  je pense qu’il faudrait donner au livre la place qui lui revient à l’école. C’est l’école, dans toute s ses acceptions, qui devrait initier déjà à la lecture. En réhabilitant l’école, il serait facile de mettre en place des structures novatrices qui peuvent accompagner des campagnes de lecture qui ont jusqu’à ce jour échoué. En effet, une nouvelle « politique » de la lecture aura une incidence  positive sur l’imprimé dans l’ensemble. Le public n’évolue pas spontanément, il évolue grâces à certaines sous l’effet des éléments qui jouent le rôle de prescripteur. L’arrivée de l’Internet apporte une nouvelle possibilité pour l’élite avec le livre virtuel. Mais il faudrait l’insérer dans un cursus qui puisse soutenir la formation avant tout comme outil pédagogique car en dépit de tout, un moyen de communication ne vient pas remplacer un autre mais plutôt le compléter. La mort annoncée de l’écrit avec l’invention de la radio et de la télé n’a jamais eu lieu. La situation de l’industrie du livre est plus que précaire. Soutenir le secteur du livre qu Congo revient à prendre en compte toute la structure de la chaîne éditoriale.


    Fidèle MAKIESE Longa – Le Phénomène de photocopillage des livres dans les bibliothèques de Kinshasa : causes, conséquences et pistes de solutions
    Depuis quelques temps, le livre fait l'objet de piraterie massive un peu partout dans le monde. En République Démocratique du Congo, plus particulièrement à Kinshasa, le phénomène prend de plus en plus de l'ampleur. Il ne se passe plus un seul jour sans que le livre ne soit victime de photocopillage. Cette pratique qui s'est généralisée notamment dans les bibliothèques s'opère en toute quiétude et sans scrupule à l'avantage certes de ses auteurs mais pourtant elle présente terriblement un danger réel pour ceux qui l'éditent et qui en facilitent la communication. Nous pensons aux éditeurs et aux bibliothécaires-documentalistes. Les premiers se voient priver de leurs droits et moyens nécessaires pour la survie et la poursuite de leurs actions. Les bibliothécaires-documentalistes risquent, quant à eux voir leurs institutions se transformer en simples dépôts de livres faute d'utilisateurs. En effet, les reproductions des livres illicites et même celles qui sont autorisées et réservées exclusivement à l'usage privé du copiste provoquent sans nul doute de fâcheux désagréments à la promotion du livre dans des bibliothèques, d'abord comme source authentique et originelle des connaissances pour le lecteur mais aussi comme produit d'édition destinée au marché pour y être vendu normalement afin de permettre à l'éditeur de se reconstituer des fonds suffisants pour de nouvelles éditions. En d'autres termes, cette pratique est de nature à perturber le monde d'édition et par conséquent le monde de bibliothèque congolais dont les fonds documentaires sont essentiellement constitués des livres. Le problème est d'autant plus profond et complexe qu'il mérite une grande réflexion pour des solutions adéquates. D'où ces quelques interrogations: Avec l'avènement de nouvelles technologies de l'information et de la communication à l'instar de l'Internet, des photocopieuses, est-il possible d'éradiquer ce phénomène de photocopillage aux causes et conséquence multiples à Kinshasa ? Telle est la question essentielle à laquelle nous allons apporter ainsi notre modeste contribution à la promotion du livre en R.D.Congo.


    Mercredi 1er décembre
    14 à 17H – Bibliothèques et systèmes de documentation
    Président de séance : Professeur KIBANDA Matungila

    Georges MULUMBA Kalonga – La Production éditoriale de la Bibliothèque Nationale du Congo 2000-2002 : une étude bibliométrique

    L’opinion la plus généralement répandue est que le Congolais n’écrit pas ou plutôt ne produit pas assez  de livres.  Nous voulons, dans les lignes qui suivent, examiner  la production éditoriale de la R.D.C.   à partir du Dépôt légal .  En effet, aux termes de la loi n°74-003 du 2 Janvier 1974 relative au dépôt obligatoire des publications  notamment à son article 3, il est dit : Tout éditeur est tenu de déposer au Conseil Législatif National et à la Bibliothèque Nationale, dans le mois qui suit l’enregistrement, huit exemplaires de chaque ouvrage ou publication qu’il fait paraître, deux   au  Conseil Législatif National et six à la Bibliothèque Nationale. Les ouvrages de luxe tirés à moins de 300 exemplaires  seront  déposés en trois exemplaires dont un au Conseil Législatif National et deux à la Bibliothèque Nationale. Notre étude s’étend sur la période 2001, 2002, 2003 et sur le premier semestre 2004. Nous commencerons par une étude statistique  des productions. Nous étudierons la production générale, le genre  de production c’est-à-dire le domaine publié, la quantité produite. Nous essayerons aussi de répondre à certain  nombre de questions : qui produit quoi ? Qui dépose et qui ne dépose pas ? Dans ce dernier cas, pourquoi ne dépose-t-on pas ? Enfin, nous donnerons quelques suggestions  susceptibles d’améliorer notre système de production  et de dépôt des documents au niveau de la Bibliothèque Nationale du Congo.


    Professeur TSHIMENGA Kazadi – La Problématique de la lecture dans les bibliothèques de l'enseignement supérieur et universitaire de Kinshasa
    Dans cet article présentant les résultats de l'enquête effectuée dans certaines bibliothèques de l'enseignement supérieur et universitaire de Kinshasa, l'auteur se propose d'abord de faire un état de lieu de la lecture dans les bibliothèques de l'échantillon. Ensuite, il relève les principales difficultés qu'éprouvent les lecteurs en cette matière et enfin, il dégage quelques constats et suggestions pour assainir la lecture en milieu universitaire à Kinshasa. L’enseignement Supérieur et Universitaire dans tous les pays du monde a une triple mission, en l’occurrence : l’enseignement, la recherche et le Service à la Collectivité. Pour remplir ces missions, l’université s’appuie sur la Bibliothèque dans laquelle se trouvent réunies les collections diverses mises à la disposition des enseignants et des étudiants. Compte tenu de son importance dans la formation de l’élite chaque université ou chaque institut Supérieur en République Démocratique du Congo possède une bibliothèque dont la gestion est confiée tantôt aux Spécialistes tantôt aux profanes. Au regard de la crise généralisée dans laquelle se trouve plongée Le Congo démocratique et qui n’épargne aucun secteur de la vie nationale, nous avons voulu jauger la situation ou mieux les problèmes liés à la lecture dans les Bibliothèques de l’enseignement Supérieur et Universitaire afin de proposer la thérapeutique nécessaire. En  effet, l’importance de la lecture n’est pas à démontrer dans le monde moderne en passe d’être dominé par l’information. Est-il besoin de rappeler que la lecture forge la personnalité de l’individu et lui permet d’enrichir ses connaissances, en chassant ainsi l’ignorance, l’une des causes du sous-développement. Dans la présente étude, nous avons essayé de faire connaître les résultats de l’enquête effectuée dans certaines bibliothèques  de l’Enseignement Supérieur et Universitaire de Kinshasa. Ainsi, nous avons de prime abord fait un état de lieu de la lecture dans les bibliothèques de l’échantillon, ensuite, nous avons tenté de relever les principales difficultés rencontrées par les lecteurs et enfin, avons dégagé quelques constats et fait des suggestions pur assainir la lecture en milieu Universitaire à Kinshasa.


    Antoine LUMENGANESO Kiobe – Archives et bibliothèque, un patrimoine documentaire de l'humanité à sauvegarder
    Notre propos comprend 3 parties. La première partie définit le 3e millénaire comme une ère de l'information,évoque le fossé qui sépare les pays développés, qui ont compris l'importance de la documentation, c’est à dire des archives et de bibliothèques,sources intarissables d'information, et les pays de l'Afrique au sud du Sahara qui ne semblent pas encore avoir saisi le rôle de la mémoire collective en tant qu'éléments précieux de notre patrimoine culturel à l'ère de la société de l'information. Notre action, à nous les archivistes, bibliothécaires, documentalistes, ethnographes et muséologues,doit donc poursuivre une double passion: celle de sensibiliser nos dirigeants et nos décideurs sur l'importance de la gestion de l'information consignée ou sur le rôle des archives,instrument de la démocratie ainsi que de la bonne gouvernance,expression d'un Etat de droit  et celle de communiquer à nos compatriotes,à nos populations, réfractaires par nature à l'effort de conservation du document, la conscience de sauvegarder dès aujourd'hui la mémoire du futur. C'est pourquoi,dans la deuxième partie,notre analyse esquisse le programme de l'UNESCO "Mémoire du Monde", un projet mondial à long terme dont le but est d'assurer la sauvegarde du patrimoine documentaire universel en péril,avec un double objectif de préservation et d'accès au plus grand nombre... Réservé jadis aux seuls chefs d'oeuvre d'architecture,le concept de "patrimoine culturel" s'est élargi considérablement au point de voir son extension déboucher sur tout "lieu de mémoire" ou s'incarne l'identité des nations. A cet égard, les sites et les monuments dont notre Service conserve quelques mètres linéaires de fonds,méritent d'être protégés,sauvegardés et valorisés par des plaques commémoratives. Vous trouverez nos réflexions à ce sujet dans la 3è partie de l'étude. En guise de conclusion ou d’épilogue, retenons que les archives, dépositaires de la mémoire et lieu de savoirs, constitue, non seulement le creuset de l'histoire nationale, mais aussi l'arsenal de l'administration de nos pays. Notre conclusion s'inspire largement des travaux du 15è Congrès international des archives qui viennent de se tenir à Vienne en Autriche du 23 au 29 aout 2004 sur le thème central "Archives, Mémoire et Savoirs"...A l'instar d'un Musée d'ethnographie, un dépôt d'archives (ou une bibliothèque) est un lieu de savoir, de recherche et de compréhension sur tout ce qui touche au passé, au présent et à l'avenir du phénomène humain. Il a pour vocation de conserver, de valoriser et de communiquer d'inestimables trésors que seul le temps permet d'apprécier en terme de rentabilité. Il a aussi pour visée de participer, sous la forme d'activités de rayonnement (expositions thématiques, célébrations nationales et animations diverses), à la diffusion des connaissances en documentation. Véritable lieu d'échanges ouvert sur la marche du monde et de la "vulgarisation" des  sciences humaines,il a pour ambition de prendre part à une meilleure connaissance de l'histoire nationale et de nous-mêmes.


    Paul-Octave TETE Wersey – Évaluation bibliométrique de la production livresque de la RDC pendant la transition politique 1990-2004
    Devenue indépendante depuis le 30 juin 1960, après 80 ans de colonisation, la République Démocratique du Congo (ex-République du Zaïre), a vécu une de plus cruelles dictatures sous Mobutu Sese Seko, de 1965 à 1997, soit pendant plus de trois décennies. Le 24 Avril 1990 a été proclamé par le dictateur lui-même la fin du parti-Etat, et partant, le retour au multipartisme, le déclenchement du processus démocratique, le retour de la liberté d’expression et d’opinion. Et depuis, on a constaté dans le pays une certaine effervescence sur le plan de l’écriture et celui de l’édition, notamment celle du livre. C’est ce qui nous a amené à nous intéresser à la production livresque réalisée depuis lors jusqu’à ce jour. Qu’est ce qui a été à la base de cette nouvelle impulsion, de ce déclic qui a entraîné l’essor de l’édition dans notre pays ? Pour en savoir long, nous avons fait appel à la fois à la bibliométrie et à la théorie de la bibliologie politique. En effet, entant que mesure de l’écrit et de la communication écrite et méthodologie, la bibliométrie est mieux placée pour nous aider à comprendre l’évolution de la créativité intellectuelle de la RDC durant cette période. Par cette communication, nous nous efforcerons de saisir la mentalité collective imprimée de la RDC au travers de la production de divers écrits recensés, grâce aussi bien aux indices statistiques bibliographiques humaines :  auteurs, éditions que de production intellectuelle (titres, lieux d’édition, années de publication, foliotage, etc…) En ce qui concerne les auteurs que nous avons pu identifier, nous nous proposons d’étudier leur nationalité, leur sexe et leur catégorie socio-professionnelle, ce qui nous permettrait de mesurer la part de nationaux, celle des expatriés, celle des hommes, celle de la féminité et celle de différentes catégories socio-professionnelles. S’agissant des éditeurs, nous nous intéresserons tant à leur production éditoriale, leurs domaines d’intérêts qu’à leur localisation, ce qui nous aiderait à comprendre ce qu’ont été les préoccupations des auteurs répertoriés, les besoins en informations des lecteurs, en analysant les thèmes exploités à travers les différents écrits édités, et à nous faire une idée exacte, de la géographie de l’écrit pendant la période étudiée. Le foliotage nous permettra de nous faire une idée de la quantité, voire de la qualité des informations contenues dans les écrits publiés. L’analyse bibliographique des phénomènes observés se fera sur base de la théorie de la bibliologie politique qui nous permettra d’expliquer le contexte politique, philosophique, économique, culturel et social dans lesquels ont été produits les écrits qui ont fait l’objet de notre étude.


    Nicaise IBULA N’Kawa – Bibliothèques, démocratie et résolution pacifique des conflits : quelques leçons pour la RDC
    Au moment où toute la RDC parle de démocratie, d’élections et de résolution des conflits dans tous les sens, les bibliothécaires et autres spécialistes du livre devraient orienter le débat parce qu’ils détiennent une large variété de matériel qui reflète la réalité sur ces phénomènes. La bibliothèque a un rôle social important à jouer dans ce pays où tout est à reconstruire. Université du peuple, les bibliothèques sont pourtant mal connues et très peu exploitées par le public en RDC. Vues du dehors, elles sont considérées comme de simples maisons de conservation de livres et les bibliothécaires comme des ouvriers chargés de classer et de servir des livres. Pourtant, lorsqu’on étudie les choses du dedans et plus profondément, on réalise combien les métiers du livre sont enrichissants, pouvant apporter des pistes de solution durables à des problèmes très complexes. En matière de démocratie par exemple, la bibliothèque a des leçons à donner car, en son sein, se crée, se couve et se mène toute une vie, toute une école avec différentes facettes aussi surprenantes les unes les autres. Quant aux conflits comme ceux ayant conduits à différentes guerres en RDC, le manque d’écrit fortement déploré aujourd’hui pourrait faire perpétuer les crises. Il est temps de prendre des mesures, du moins au niveau des bibliologues. La démocratie remonte à l’antiquité grecque où elle apparaît comme un idéal à atteindre au moyen d’une structure sociale horizontale plutôt que verticale, qui se proposait de chercher l’égalité des conditions des citoyens malgré la légitimation de la classe gouvernante par consensus desdits citoyens. Cet idéal est le produit d’une conception politique du groupe athénien opposé au groupe d’aristocrates qui exerçaient un pouvoir concentré sur quelques familles alors que les opposants défendaient la participation de la population (demos) dans le gouvernement de leur entité. Proscrite pendant l’ère chrétienne, la démocratie fut revendiquée par la Révolution française qui abrogea les privilèges et les transforma en droits de la population. Ainsi, par le biais de la Révolution française, la démocratie a converti la lecture – jadis apanage des seuls aristocrates – en droit de tous, bien que les fruits de cette démarche ne se fissent sentir réellement qu’à partir du 20ème siècle et n’étant pas vécu de la même façon dans tous les pays. Ainsi, la bibliothèque, lieu par excellence de la lecture publique a tenu à rendre hommage à la démocratie en faisant sienne les grands principes de liberté d’accès à l’information, égalité des usagers, la complémentarité et la tolérance.
    1° Libre accès à l’information
    La bibliothèque présente le meilleur système d’accès à l’information. En effet, toute information et tout document y contenu est en principe accessible à toute personne aux mêmes conditions. Les bibliothèques à accès direct (bibliothèques publiques) tout comme les bibliothèques à accès indirect déclinent tout leur fonds documentaire dans les catalogues et autres répertoires bibliographiques accessibles à tous aux mêmes conditions. Ici, les privilèges sont abolis.
    2° Egalité des usagers
    Il n’y a pas deux endroits où l’égalité des citoyens se vit en toute authenticité comme dans une bibliothèque. Au guichet, dans la salle de lecture ou au fichier, l’étudiant peut être servi avant son professeur, il peut demander le même livre et s’asseoir côte à côte sans que l’un et l’autre ne s’en sente offusqués. Il n’y a pas non plus de distinction de sexe. Le fait est que tous ceux qui se présentent à la bibliothèque sont « ignorants » et à ce titre, tous sont égaux.
    3° Complémentarité et 4° Tolérance
    La complémentarité, c’est ce principe qui veut qu’en démocratie, les idées des uns servent à consolider celles des autres. La tolérance, c’est le fait de supporter l’autre, avec ses qualités et ses faiblesses. Les gouvernants peuvent aller dans une mauvaise direction si les opposants ne critiquent pas leur prise de position. Aux rayons de la bibliothèque ces deux principes s’observent en mieux. Un livre sur le capitalisme peut se classer à côté d’un autre sur le communisme sans que les deux se toisent. Au contraire, ils se supportent l’un l’autre. Si on retire l’un du rayon, l’autre se penche, et peut même tomber, faute de soutien du côté où le vide est créé.
    Si les bibliothèques de la RDC pouvaient offrir une documentation sûre sur les questions relatives aux migrations, ces écrits seraient aujourd’hui un argumentaire de poids pour gérer certains dossiers sensibles sur lesquels le parlement s’attarde et certains conflits seraient sans objet. Si les problèmes d’aujourd’hui ne sont pas résolus en conservant convenablement l’écrit, demain risque de ne pas être aussi rose qu’on le prétend.


    Jeudi 2 décembre
    9 à 12H – Écrit et technologies de l’information et de la communication
    Président de séance : François BUDIM'BANI YAMBU

    Jacques HELLEMANS – Bibliothèque  et Internet : défi technologique et épistémologique pour le bibliologue des temps modernes

    La mondialisation et la multiplication des sources d’information nous donnent le sentiment de disposer du livre des livres. Depuis les textes rédigés il y a quatre mille ans sur du papyrus à aujourd’hui, les livres nous ont procuré la mémoire et la capacité d’approfondir. Le principal vecteur de messages depuis la Renaissance étant le livre imprimé, c'est autour de lui que s'est faite toute l'industrie de la communication pendant près de cinq siècles. L'imprimé qui sans conteste façonna notre civilisation durant toute cette période fut ainsi le seul moyen de propager nouvelles ou idées. Aujourd’hui, avec l'émergence du multimédia et d'Internet, on assiste très probablement à une révolution culturelle aussi importante que la mise au point des caractères mobiles et le passage du manuscrit à l'imprimé il y a 550 ans. L'invention de l'imprimerie avait en effet rendu possible une plus grande diffusion des ouvrages en décuplant les moyens de reproduction. En effet, pendant un peu plus de cinq siècles notre culture de l’écrit a été façonnée par les techniques et les usages de l’imprimé. Cette période s’achève aujourd’hui avec l’avènement de l’édition électronique. En passant du papier au numérique, le texte ne change pas seulement de support, il change de nature. Notre rapport au savoir en est profondément modifié. Nos habitudes de lecture sont si intimement liées à notre culture de l’imprimé que nous oublions qu’elles sont d’abord le produit d’une technologie. L’invention de Gutenberg, en effet, a engendré la mise en place progressive de repères de lecture – la pagination, le découpage en chapitres, la table des matières, l’index – qui ont contribué à façonner notre rapport au livre et, par conséquent, au savoir. Réseau des réseaux, Internet est désormais accessible par le grand public au point de parler de cyberespace. Préfiguré par Marshall Mc Luhan qui annonçait la fin de la galaxie Gutenberg, le phénomène Internet, révolution Internet devrais-je dire, rend-t-il les bibliothèques obsolètes dès lors qu'il est possible de faire défiler tant les données que les images sur un écran d'ordinateur ? Jungle, magie, mythe, auberge espagnole, les métaphores sont nombreuses pour décrire ce monde – le cyberespace – qui produit des nantis de l'information, mais aussi des illettrés électroniques. Comment donc en faire un outil de développement au service de tous, un instrument de démocratisation du savoir ? Mais surtout quelles perspectives présente ce nouvel outil de diffusion d'information ? Comment les bibliothécaires doivent-ils prendre place dans cette révolution technologique ?


    Crispin NGALAMULUME Bululu – Les Bibliothèques universitaires de la RDC à l’ère des réseaux
    Les bibliothèques universitaires de la République Démocratique du Congo sont confrontées à plusieurs problèmes. Pour cela, elle doivent s’organiser pour s’insérer dans le système mondial de l’information scientifique et technique. La mise en place d’une structure d’échange d’information dans les bibliothèques universitaires permettra à ces dernières d’unir leurs efforts pour favoriser le flux d’information documentaire. La survie même de ces bibliothèques  dépendra demain des échanges d’information entre les réseaux organisés  aux conditions du marché que représente l’information scientifique et technique. Les bibliothèques universitaires de la R.D.C ne doivent pas continuer de s’isoler. Elles doivent fonctionner en « réseau ». la création d’un tel dispositif est indispensable et constitue une infrastructure de base pour préparer rigoureusement la R.D.C. à l’évolution des nouvelles technologies de l’information. Pratiquement, l’Etat congolais devrait privilégier un outil commun et lui donner tous les moyens techniques, juridiques et logistiques pour sortir les universités congolaises de leur isolement et pour irriguer les nouvelles connaissances à partir d’un réseau. Une fois ce réseau mis en place, beaucoup d’institutions documentaires en bénéficieront moyennant contribution aux universités.


    Hyppolite KITAMBALA Dwan'Essa – Les Bibliothèques universitaires de la République Démocratique du Congo et le défi des nouvelles technologies de l’information
    Les sociétés noires de l'Afrique contemporaine sont, du point de vue culturel, doublement tributaires de l'ancêtre et du colonisateur. Le premier, par le sang, a légué à des générations entières une culture où les peuples s'appuyant sur leurs expériences et sur leurs besoins propres ont su élaborer des systèmes de communication fondés sur la transmission orale et sur diverses leçons de leur histoire intrinsèque. Le second, par l'histoire, a induit la société africaine dans la civilisation de l'écrit. L'histoire, dit-on, est irréversible. Sans totalement renoncer à leurs formes naturelles de communication, les peuples africains, aujourd'hui enclins à des mutations de tous ordres, s'accrochent à la remorque de cette nouvelle civilisation où la maîtrise de l'information scientifique et technique véhiculé par le livre, ce vieux média, reste une condition essentielle permettant ces transformations. Pour accompagner ce renouveau culturel, l'Afrique noire contemporaine, bien que largement encore continent de culture et de tradition orales, où le livre a longtemps porté une estampille étrangère, a dû aussi admettre que, l'apparition du livre imprimé depuis le 15e siècle et l'école obligatoire ensuite, ont fait de chacun un lecteur potentiel. D'où l'impératif de la scolarisation, de l'alphabétisation et de l'instruction publique des populations qui a suivi le mouvement de développement de nombreux Etats africains au lendemain des indépendances. Malheureusement, nombre des planificateurs africains de développement considèrent que seuls les moyens fondamentaux que sont les écoles ou les maîtres, constituent les facteurs essentiels de ce développement n'accordant que très peu d'attention aux bibliothèques et la lecture publique qui sont pourtant les fondements de toute instruction publique. Ainsi, dans le contexte africain, on ne peut affirmer que les bibliothèques et la lecture aient été globalement objet d'une attention particulière des décideurs. Dans de nombreux pays africains, dont la RDC, l'opinion générale ne semble pas encore admettre que l'édification des différentes sortes de bibliothèques dans leurs nations soient aussi un des maillons essentiels du développement socio-économique. Seules parfois les bibliothèques universitaires ont un certain droit de cité. Et de plus en plus des universités et des instituts d'enseignement supérieur se dotent progressivement des bibliothèques modernes pour  appuyer les enseignements et la recherche dans leurs institutions. A l'heure où l'on parle de l'âge de l'information, un défi majeur, parmi tant d'autres, qui se présentent à ces bibliothèques, réside dans leur intégration dans le vaste mouvement des réseaux informatiques, générateur de l'âge de l'information et de ce qu'il est convenu de nommer aujourd'hui nouvelles technologies de l'information incarnées essentiellement par l'Internet. L'irruption des nouvelles technologies dans le monde documentaire, apporte des changements et des profondes mutations méthodologiques et de gestion. Parmi les avantages qu'offre l'adoption de ces techniques on peut notamment retenir la délocalisation et le décloisonnement de l'information pouvant aider à corriger le déficit communicationnel dont souffre l'activité scientifique africaine.  Le problème est de savoir comment les bibliothèques universitaires congolaises vivent ou se préparent à vivre ce challenge des nouvelles technologies de l'information. Le contexte bibliothéconomique congolais actuel tramé des contraintes majeurs (matériels, techniques, humains, organisationnels, éducatifs, décisionnels) ne doit cependant pas considérer les NTIC comme un futurisme impénétrable. Bien au contraire, à l'heure où l'activité documentaire, grâce aux NTIC, fait basculer le monde des bibliothèques dans la société de l'information, construite sur les réseaux informatiques planétaires,  les bibliothèques universitaires congolaises doivent se préparer, dès à présent, à vivre en interaction avec la révolution technétronique. Il faut, pour cela, relever tous les défis identifiés, coûte que coûte.


    Jeudi 2 décembre
    14H-17H – Clôture

    Eddie TAMBWE Bin Kitoko– La Bibliologie au Congo-Kinshasa : quelles perspectives ?

    La République Démocratique du Congo constitue à ce jour un champ propice au développement de la science de la communication écrite (la bibliologie), tant au plan institutionnel qu’à celui, plus personnalisé, de la production scientifique par des chercheurs isolés. Pourtant l’histoire de la bibliologie dans ce pays est bien courte puisque le vocable « bibliologie » n’y est connu, du moins de façon formelle, qu’à partir des années 1980, même s’il est évidemment possible que bien avant ces années quelque étude – sur la matière – ait été produite. Mais cet article voudrait rendre compte de la production scientifique, la recherche scientifique, se définissant expressément, se reconnaissant formellement comme relevant de la bibliologie telle que celle-ci se déploie aujourd’hui. Cet article s’appuie essentiellement sur les matériaux fournis par l’histoire des sciences en RDC.  Il permet de relever dans la littérature scientifique des textes préfigurant de la pratique de la bibliologie : il s’agit au total des «études des problèmes du livre ». Les chercheurs qui prennent en charge « ces problèmes » sont  des philosophes, des philologues, des critiques littéraires liés soit au « Centre des Littératures africaines » de la Faculté des Lettres de l’Université de Kinshasa, soit à la revue universitaire « Zaïre-Afrique » appartenant à la congrégation jésuite (église catholique). Dans un autre moment d’analyse, l’article décrit les conditions générales ayant permis l’émergence universitaire et institutionnelle, sous l’impulsion de l’UNESCO, du Centre Wallonie-Bruxelles et de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication.

    Jacques Hellemans, Secrétaire général de l'AIB

    Mise à jour : 23.05.2023